L'étape des baroudeurs


La 28ème journée de L1 a été une de ces étapes pour les baroudeurs. En effet, aucun col hors-catégorie n'est à noter sur cette journée, mais pas mal de vallons (Le Mans/Nice, Monaco/Bordeaux, Valenciennes/Rennes et Toulouse/Marseille pour ne citer que les quatre principaux). La question était donc de savoir quelle allait être la stratégie des leaders : le statu quo (aussi appelé 1-0), des petites attaques, mains continues, soutenues par des coéquipiers pour fatiguer les leaders (2-0), ou alors l'artillerie lourde (match nul).

Et bien, ce que l'on peut dire, c'est que les différents leaders ont tenté pas mal de choses, pour un résultat ... mitigé. Car finalement, ce sont les pronostiqueurs qui n'ont plus grand chose à espérer de cette saison qui ont fini devant : Nono, Freddy, JV, Laurent, ... En effet, Nono a parfaitement su gérer le profil de cette course, en attaquant toujours au bon moment : sur le premier col (Le Mans/Nice), même s'il en a trop fait, et aurait pu se préserver davantage, sur l'avant-dernière (Valenciennes/Rennes) et la dernière diffifulté du jour (Toulouse/Marseille). Avec une telle réussite, il ne pouvait que finir devant, sachant qu'il a également réglé un des nombreux sprints intermédaires (Montpellier/Auxerre). Il a également tenté de remporter le sprint PSG/Sochaux en étant offensif, mais il ne l'a pas été suffisamment. Malgré tout, une très bonne prestation d'ensemble de Nono, bien que son équipe n'ait pas rééllement suivi le mouvement impulsé par son leader et ancien vainqueur de la compétition.

Revenons-en aux leaders et étudions leur comportement lors de cette étape (je précise que, selon moi, les leaders sont Dolu/Tal/Ric/Aloisio/Gino, que l'on peut appeler le "Final Five", pour les fans de Battlestar Galactica !)

D'entrée de jeu, avec Le Mans/Nice, Aloisio tente une attaque. Les autres leaders se regardent, personne ne veut aller chercher Aloisio, sachant que, pour les 3 premiers, il n'est pas suffisamment menaçant pour le podium, et pour Gino, comme il s'agit d'un futur FDJ, il peut le laisser prendre quelques points supplémentaires. Après quelques encablures en compagnie d'une vingtaine d'autres coureurs, Nono se positionne en tête de peloton et attaque pour aller chercher le "Groupe Aloisio". Cette attaque de Nono réveille les leaders, qui se disent finalement qu'il vaut peut-être mieux aller chercher Aloisio tout de suite. L'ensemble du peloton revient donc sans trop de problèmes sur Aloisio, et à peine le groupe repris, Nono place une nouvelle attaque, avec 6 autres coureurs. Cette attaque sera décisive pour la première difficulté du jour, et Nono passe donc le premier col en tête.

Arrive ensuite la deuxième difficulté du jour : Lorient/Lens. Suite au retour du groupe des leaders sur Aloisio, Tal, comme il se sent bien, pense qu'il y a un coup à jouer. Il place donc une attaque dès les premiers mètres du col. Grave erreur stratégique ici, car, bien qu'il passe une partie de la montée en tête, il finit par payer ses efforts. Les autres leaders arrivent sans trop de problèmes à le reprendre et à le déposer. Tal ne peut déjà plus suivre la cadence des Dolu & Co, et il est décroché.

Le troisième col du jour, un des plus compliqués de la journée est Monaco/Bordeaux. Sur ce col, on pouvait s'attendre à une nouvelle attaque de Tal pour tenter de revenir sur le groupe des leaders, mais ce dernier a dû estimer que le risque à prendre était trop élevé, et préfère donc continuer à "gérer". Ce n'est pas le cas d'Aloisio, qui choisit une stratégie complètement différente des autres leaders, et décide une nouvelle fois d'attaquer. Mal lui en a pris, car les autres leaders sont bien décidés à ne pas le laisser partir. Il prend à peine 10 mètres d'avance et Dolu envoie Freddy le chercher. Freddy amènera Dolu et les leaders au niveau d'Aloisio, mais, parti comme il est, il continue et met à distance le groupe des leaders. Cette consigne de Dolu aura permis, mine de rien, à Freddy de s'échapper et de finir sur le podium.

Il y aura ensuite trois sprints intermédiaires : Montpellier/Auxerre, Nancy/Boulogne et PSG/Sochaux. Sprints qui ne rapporteront rien de nouveau dans la course, les leaders ayant la même stratégie (laisser les sprinteurs de l'équipe prendre les points : Freddy, Max, ...).

Viens ensuite un col que beaucoup considèrent comme difficile, mais qui apporte que très rarement (voire jamais) de nouveaux enseignements ou des surprises : Lyon/Saint-Etienne. Alors que les leaders semblent se regarder pendant l'ascencion, Aloisio tente une nouvelle attaque. Et quelle attaque !!! En quelques secondes, il laisse sur place tout le "Groupe Maillot Jaune" et prend une large avance. Alors que le sommet est très proche, une énorme tuile arrive à Aloisio. Sa roue arrière (de marque Loïc Perrin) crève, et il est obligé de la changer. Il doit donc rester sur la touche quelques instants en attendant que son directeur sportif lui amène une nouvelle roue. Ni une, ni deux, en apprenant cela, les directeurs sportifs de la Brive Team et de la Dallas Team demandent à Dolu et Ric d'accélerer la cadence pour rattraper Aloisio. Gino, bien que déçu pour son ex, futur et futur-ex coéquipier, est obligé de suivre les deux zouaves. Il faudra attendre une trentaine de secondes pour voir les trois leaders rattraper Aloisio, qui se voit contraint de rentrer dans le "Groupe Maillot Jaune". Grosse déception pour les punks, car c'est un fait de course qui empêche Aloisio de mettre un grand coup derrière la tête de ses concurrents.

Viens ensuite une toute petite difficulté (catégorie 5) : Lille/Grenoble. Ric se sentant bien, doit se dire que Dolu doit être fatigué par toutes les attaques qu'il a subi pendant la journée. Il tente donc une attaque et ... grosse fringale pour celui qui est connu pour ne JAMAIS attaquer ! Sur une de ses rares attaques de l'année, il perd tous ses moyens, et Dolu, Gino et Aloisio lui reviennent dessus à toute vitesse, et le laissent même sur place. Ric a du mal à finir ce col, et c'est alors que Tal l'aperçoit devant lui. Comme il sait qu'il a déjà inévitablement perdu des points sur le leader aujourd'hui, il tente de boucher le trou avec Ric pour ne pas se faire rejoindre à la deuxième place. Ric voit que Tal est derrière lui, et il le laisse le rattraper, afin qu'ils finissent l'étape ensemble.

Valenciennes/Rennes a toujours été un col difficile à appréhender. La preuve, encore une fois cette année, car les positions ne changent pas entre les leaders. Ric et Tal, d'un côté, choisissent de ne pas attaquer, mais de s'entre-aider pour tenter, pourquoi pas, de rejoindre Dolu et les autres. Ces derniers, au contraire, tentent de distancer définitivement les deux cancres de la journée, mais ils n'ont plus suffisamment d'essence dans le réservoir, et toutes leurs tentatives d'accélération n'ont aucun effet sur le chrono.

Enfin, la dernière difficulté de la journée, et pas des moindres, est Toulouse/Marseille. Vous ne vous souvenez peut-être pas, mais c'est peut-être cette difficulté qui a changé la face de la compétition cette année. En effet, lors de la demi-finale de la CDL, Tal avait placé une attaque monstrueuse sur Dolu, mais il n'avait pas pu tenir jusqu'au bout, et il avait craqué à 5 kilomètres de l'arrivée (Dolu avait mis deux roues "Brandao" pour l'occasion), laissant Dolu filer vers les bonifications et la finale de la Coupe de la Ligue. Et aujourd'hui, Aloisio a failli tout perdre. En effet, les roues "Brandao" ont encore servi : Dolu, Gino, Tal et Ric attaquent au même moment. Les deux premiers laissent Aloisio sur place, alors que les deux suivants lui passent devant (tout en restant à distance de Dolu et Gino). Aloisio, toujours frustré par sa crevaison plus tôt dans la journée, donne tout ce qu'il a pour dépasser Ric et Tal (qui payent leurs attaques du jour à ce moment là) et réussit finalement à rejoindre Dolu et Gino (les analystes disent que c'est le cadre "Machado" qui a permis cette performance, car quand Machado cadre ...).

Donc, pour résumer, on a eu une très grosse journée, riche en attaques, mais finalement, ce sont ceux qui ont le moins attaqué (Dolu et Gino) qui finissent devant. Aloisio les rejoint au mental, alors que Ric et Tal ont payé leurs attaques un peu trop présomptueuses pour la L1.

On est pressé d'être la semaine prochaine ...